Juin

Samedi 20 juin
De retour à Lyon, quittée depuis mercredi pour une visite éclair au château d’Au. Pas de fête des pères cette année, comme probablement les suivantes. Heïm est trop en désaccord avec les voies suivies par ses proches. Je lui ai toutefois offert l’édition originale des
Décombres, de Lucien Rebatet, parues en 1942 aux éditions Denoël. La version publiée quelques décennies plus tard par Jean-Jacques Pauvert avait été expurgée des passages infâmes.
La vie quotidienne avec ma Sandre se passe plutôt bien, malgré les coups de fatigue, les exténuations, les désespoirs rapportés. Quel avenir nous réservons-nous ? Une source d’angoisse récurrente chez elle.
Histoire locale garde une taille financière plus que modeste, l’implantation du Beaujolais-Forez-Dombes s’effectuant avec difficulté. Quelques articles parus, mais pas l’allure du grand événement culturel. Je suis toutefois certain de sa qualité éditoriale : lors de mes recherches d’un ouvrage pour Heïm, je suis tombé sur une édition originale proposée à 3 300 francs. Par ailleurs, la librairie parisienne Saffroy, fondée en 1880 et spécialisée dans les ouvrages généalogiques, en est à six collections achetées à Histoire locale et l’a fait figurer dans les nouveautés de son catalogue (n°346), gage incontestable de la qualité du titre choisi. L’historique à ce niveau et dans ces prix s’écoule malheureusement très doucement.
Je dois, en outre, trouver le moyen de rééditer plusieurs titres en attente : A travers les rues de la Calade de Joseph Balloffet (frilosité des libraires de Villefranche-sur-Saône), Histoire de Beaujeu - Sous le signe du Rateau de Marius Audin (souscription en cours chez l’unique libraire de la commune) et enfin Le pays et le vin beaujolais de Léon Foillard et Tony David (promotion auprès des producteurs vinicoles du Beaujolais en cours). Le travail ne manque pas, mais l’explosion d’enthousiasme et le décollement des commandes se font attendre. J’assure tout juste l’extrême minimum d’autonomie financière, mais ma grand-mère est toujours là.
Je vais parallèlement tenter de décrocher quelques collaborations dans des journaux régionaux et de donner des cours de français dans un ou plusieurs établissements privés.
Côté thèse, je dois sérieusement me botter les fesses. Marc D. a répondu à mon récent courrier et me propose qu’on se rencontre après les vacances pour faire le point de l’avancement de mes recherches et de la rédaction éventuelle. Il me propose, pour l’année universitaire prochaine, d’intervenir dans un de ses séminaires pour un exposé en rapport avec le genre pamphlétaire et la période 40-60 qu’il aborde plus spécialement. Je dois mettre cet été à profit pour avancer dans mon sujet.
Dans le quatrième numéro du journal Histoire locale, Heïm publie une longue chronique titrée Juste en passant, merveilleusement écrite et qui donne envie de relire sa plume sur l’actualité. Nombre de sujets sont abordés, parmi lesquels la rencontre récente avec le mercenaire Bob Denard. L’écriture est rapide, terriblement efficace, truffée de drôleries et assise sur une épaisseur culturelle hors normes.
Il me faut manier à nouveau la plume et retrouver ce lien quasi-quotidien avec l’écriture. Fricoter progressivement avec les contrées pamphlétaires comme je savais si bien le faire dans Les Gros Niqueurs. Refuser le tarissement de la révolte et multiplier les coups de gueule. Ne pas s’éteindre, quel que soit le parcours choisi.
Vraie satisfaction de partager la vie avec ma Sandre, mais je dois être attentif à ne pas me désarmer, m’amollir et me contenter d’une superficialité intellectuelle funeste. La rédaction de ma thèse n’en sera que plus aisée.
Le Mondial de football s’impose dans toutes les voies médiatiques. Si le martèlement est pénible, je me suis laissé tenter plusieurs fois pour le spectacle grégaire de certains matchs. La virtuosité des Zidane et Ronaldo est incontestable et charme l’amoureux des choses bien exécutées. Je ne rechigne donc pas à écouter les relations de Thierry Roland et les analyses de Jean-Michel Larqué, mais sans bière.
Ce substitut aux arènes de naguère ne doit pas assez défouler les bestiaux enivrés qui se livrent à la guérilla urbaine. Le gros handicap de notre démocratie réside dans la mollesse de sa répression face aux casseurs. Choisir quelques hooligans et les pendre aux fourches patibulaires pour témoigner d’une réelle détermination à ne pas laisser ces raclures survivre à leurs méfaits.
Avec la chaleur caniculaire revenue, nous attendons fébrilement la piscine du Domaine [résidence privée à Tassin] qui prend forme jour après jour.

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